Britney Spears ou la (lente) mort en direct

J'ai eu le déclic quand j'ai vu les images de la chanteuse se rasant entièrement la tête, s'offrant aux photographes et aux cameramen, bras en croix, comme si elle jetait son corps en pâture. On aurait dit un simulacre de suicide en live. À ce moment-là, je me suis dit, fini de rire, tout ceci va très mal se terminer. Le monde n'attend que ça : la mort de Britney Spears, si possible devant des caméras, et encore mieux en direct. "Sauvez Britney!" titraient les affiches de pub de Public il y a quelques jours avec une monumentale dose d'hypocrisie. Et puis il y a cet article sur liberation.fr qui raconte que les proches de Britney sont très inquiets à son sujet, lui prédisant un destin à la Lady Di. Il y a même une radio de Detroit qui a lancé un jeu où il fallait pronostiquer la date de son décès. Mille dollars à la clé. Sur le site whenisbritneygoingtodie.com, devinez là aussi la date de sa mort, et vous gagnez une PS3. "You want a piece of me" chante la blonde sur son dernier album… comme si elle était déjà chez le médecin légiste. Prévoyez donc dans les semaines ou les mois à venir un grand mea culpa des médias : "sommes-nous allés trop loin ?". Des plateaux télé larmoyants animés par Paul Amar avec psys et sociologues expliquant l'ultime dérive de la société du spectacle. Les artistes diront que c'est la faute aux paparazzi, les paparazzi celle des médias, les médias celle du public, le public celle des artistes. Il y aura des fans effondrés devant la maison de Britney, un joli générique scintillant et dramatique sur CNN ("Britney : the end"), un CD hommage avec un titre inédit de Justin, un film retraçant sa vie avec Lindsay Lohan dans le rôle de la star martyre… Tout ça est tellement prévisible.